.:Lucy Lewis:.
I - Identité
Nom : Lewis née Houghton
Prénom(s) : Lucy
Age et lieu de naissance: Née le 22 septembre 1965 à Bath, Angleterre
Emploi : Professeur de Philosophie à l’université de Bath.
Raison de votre présence dans l'avion : Ablation d’une tumeur maligne au sein gauche.
II - DescriptionCaractère : Si l’on devait décrire Lucy en une phrase ce pourrait être « une pour tous… et une pour tous… » Lucy aime la vie et en profiter chaque instant et à son contact il est difficile de ne pas s’en apercevoir. Elle se démène sans compter pour ceux qui le méritent et sans doute même pour ceux aussi qui ne le mériteraient pas forcément, instinct de prof me direz-vous ! D’une nature quasi-hyperactive, on pourrait même dire qu’elle se démène tout court, quitte à brasser du vent… Cette fois, c’est l’instinct de maman qui refait surface. On peut lui reconnaître des qualités d’ingéniosité et d’inventivité, elle a de la ressource quand il s’agit de prendre un problème sous tous les angles et d’en trouver la solution, sans lâcher prise, cela prendra le temps qu’il faudra !
Elle a la nette tendance à vouloir tout contrôler, tout maîtriser, la philosophie ne la touche pas à tous les niveaux ! Elle ne s’arrête que pour dormir, et encore elle ne dort jamais que d’une oreille et d’un œil, ou pour réfléchir. Car elle réfléchit Lucy, sur tout, bien trop d’ailleurs, elle rumine, elle angoisse, elle panique. Elle ne le dit ni ne le montre pas bien sûr, elle a tellement habitué son entourage à la voir babillant et positive, à être toujours là quand ça ne va pas, que forcément, ça ferait un choc si elle dévoilait au monde entier ses propres fêlures dans la carcasse.
Malgré tout, elle est la première à reconnaître que l’annonce de sa maladie l’a ébranlée dans ses certitudes et dans sa façon d’aborder la vie. Elle sait qu’elle devra se battre, elle pour qui la vie est un don, elle deviendra à présent un combat et souvent elle laisse le désespoir l’envahir en silence alors qu’elle affiche le sourire de façade. Son espoir c’est cette opération à Sydney.
Maintenant qu’il est « tombé à l’eau » (sans mauvais jeu de mot ! :P) il est fort possible que l’angoisse et le repli sur soi, si rares chez elle, l’emporte malgré sa nature, sur la gaieté et la sociabilité.
Physique : Lucy est une femme de taille assez moyenne, 1m65, ses cheveux qui tombent sur ses épaules sont de couleur blond cendré, ses yeux, vert de gris. Dans son visage rond et avenant, deux fossettes se creusent à chaque mouvement de lèvres et lorsqu’elle sourit, il semble que c’est tous ses traits qui s’illuminent.
Lucy possède toutes les formes qu’une femme de son âge se doit d’avoir surtout après une grossesse, quoique celle-ci remonte à douze ans maintenant. Elle est bien dans sa tête et donc bien dans son corps.
Bien que n’étant pas une forcenée du sport, sa grande passion est d’expérimenter le grand frisson. Ainsi a-t-elle sauté bon nombre de fois en parachute, à l’élastique, en parapente, aussi pratique-t-elle l’escalade. C’est sa santé qui la force à ralentir ces petites folies passagères, en effet elle est épileptique. Et on laisse une épileptique faire du saut en parachute ?!?! Ca dépend si on le dit ou pas… *hem* Elle ne supporte pas qu’on la considère comme une malade et encore moins maintenant à cause de sa tumeur. Lucy est la douceur même mais si on lui conseille de se ménager, il y a de fortes chances pour que le boomerang revienne en pleine poire à l’envoyeur ! Les faits sont pourtant là, elle se fatigue vite et se voit endurer de violentes migraines, ça c’est pour le mieux, ou bien des crises impressionnantes où son corps se contracte en de violents spasmes.
III - Le CrashAvant le crash :Je pourrais vous dire qu’à 6 ans elle eut un chien qu’elle appela « Fluffy » et qu’elle aimait les pudding de sa grand-mère… pas très utile pour la suite de notre histoire, hein ? Il est pourtant probablement intéressant de noter que ses parents appartenaient tous les deux à la mouvance hippie new-age anglaise, la plus pure qu’il soit donc ! Lucy grandit dans un environnement non pas sans règles, ni contraintes, mais au plus proche de la nature et où l’on privilégiait toujours le retour sur soi plutôt que le jugement des autres. Elle fit ses premiers pas dans un sitting contre la guerre au Vietnam et babilla ses premiers mots sur une chanson des Beatles.
Lucy a donc nourrit une très grande spiritualité, même si, le temps passant, ses parents babas-cool, se sont mis à s’embourgeoiser et à rentrer dans la vie de « Monsieur et Madame Tout-le-monde ». Elle n’a pas eu d’adolescence difficile, plutôt prometteuse même, si bien que lorsqu’elle dû s’inscrire à l’université, celle de Cambridge lui ouvrit tout grand les bras.
La psychologie s’imposait tout naturellement comme chemin d’études, mais au bout de quelques mois de solitude, plongée au cœur de la vie estudiantine et dans tout ce qu’elle a de plus désorientant pour une jeune fille d’une petite ville, ce chemin lumineux croisa des routes bien plus sombres. De mauvaises fréquentations l’amenèrent vers une communauté de jeunes, tournés comme elle vers une profonde spiritualité, mais nettement plus controversée que la normale. Secte, le mot sortit de la bouche de ses parents la faisait sortir de ses gonds ! Pourtant, les faits étaient bien là. Le groupe la happait toujours un peu plus dans un gouffre sans fond jusqu’à se couper de ses amis et de sa famille pendant deux années complètes. Les membres se faisaient appeler les « Chosen Ones », les Elus, ceux qui à l’imitation du Christ devaient conduirent au salut de l’Humanité. Pour Lucy, philanthrope, il n’y avait plus bel vocation que celle de se sacrifier soi pour le bonheur des autres. Mais elle n’avait jamais prit réellement du sens que « sacrifice » avait pour le reste de la communauté et ce fut lorsqu’elle perdit sa meilleure amie dans un suicide collectif que l’électrochoc se produisit. L’agneau égaré rentra au bercail, complètement choquée et même ravagée au fur et à mesure qu’elle prenait conscience de ce à quoi elle avait adhéré et même échappé en fin de compte. Il lui fallut une bonne année pour se remettre tout à fait de cette folie de jeunesse qui aurait pu lui coûter cher et s’ouvrir de nouveau aux autres sans crainte ni retenue. Et elle n’avait que 22 ans.
Pendant cette période d’horreur, cette sorte de no man’s land, un havre de paix se trouva en la personne d’Aaron. Aaron Lewis. Un ami d’enfance et d'adolescence, jusqu’au lycée, jusqu’à ce que leurs vies prennent deux chemins différents. Si celui de Lucy avait été en pente descente, Aaron lui avait gravit les échelons et se trouvait à présent dans un cabinet de conseillers juridiques prospère. Il était aussi cartésien qu’elle pouvait être fantasque, il fut son ancre dans la tourmente. Mieux qu’une meilleure amie, il répondait au téléphone à minuit lorsque Lucy avait une bouffée d’angoisse, il n’était pas très doué en paroles mais il était là tout simplement. Pas de passion entre ces deux là, non, car la passion c’est la souffrance. De l’attachement, de la tendresse et donc au bout du tunnel, de l’amour.
Ramenée à la vie par cet homme, elle l’épousa un an plus tard et leur union, quoique pas toujours calme comme une mer d’huile, demeurait un modèle de confiance et d’entraide mutuelle.
Le couple mit un certain moment avant de concevoir un enfant, d'une part car Lucy reprenait sa vie d’adulte en main, c’est à dire à zéro, et puis les médecins lui avaient diagnostiqué une anomalie au niveau des ovaires ce qui rendait plus difficiles, mais non pas impossible, la fécondation. Il fallut donc qu’elle ait déjà 29 ans pour tomber enceinte et que naisse la petite Phoebe, à ce moment là elle était déjà la prof de philo la plus adorée de l’université de Bath.
Les quinze années qui suivirent offrirent leur lot de joies, de peines, de miracles, de deuils, de déceptions, d’espoirs. En 1994, pendant la guerre au Rwanda, Lucy s’est découvert une nouvelle force qu’elle ignorait jusqu’alors, celle de pouvoir se mettre au service de ceux qui n’ont plus rien, de laisser un temps sa vie confortable de femme de classe moyenne anglaise pour partir au cœur de la souffrance, découvrir que la mort et la vie sont étroitement liées et qu’on peut faire tout avec pas grand-chose. Depuis une fois tous les deux ans environ, elle se part dans un pays différent pendant ses mois d’été libres vivre l’expérience de l’immersion en pays lointain.
La nouvelle qui s’abattit comme un coup de massue sur sa tête le 6 avril 2007 balaya toute sa vie d’un revers de manche. Il avait suffit d’un grosseur étrange découverte au hasard d’une douche, d’une visite de routine chez le gynécologue, de quelques radios et trois semaines plus tard, Lucy qui respirait la santé, se vit affublée officiellement d’une tumeur au sein.
Quel genre de réaction peut-on avoir lorsqu’on a échappé à la mort des années auparavant, que l’on se croit invincible ? Que faire ensuite lorsqu’une adolescente vous regarde et ne comprend pas ce que vous lui dites ? Que lui dire d’ailleurs ? Que maman va mourir ? Non bien sûr que non, les médecins la rassurent, Aaron la rassure et pourtant… après tout, ça n’est pas la fin de chaque être humain.
L’étincelle de vie brûlante s’affadit dans la pupille de Lucy, son sourire se fait rare, son sourire sonne souvent faux, pourtant elle donne le change et on croit qu’elle va bien alors qu’elle tombe en miettes. Etre toujours solide.
Son mari est sans doute bien le seul à ne pas se faire duper. Sans mot dire, il fait des pieds et des mains dans tout le monde anglophone pour se faire renseigner sur la maladie de son épouse et comprendre comment l’aider et la soigner. Un vieux cousin installé à Sydney, infirmier au grand hôpital, lui vante les mérites du service cancérologique aux membres les plus éminents de la planète selon lui. Aaron tente le va-tout, l’hôpital est surchargé de cas similaires, voire même plus graves, pourtant il parvient à avoir une date pour des examens complémentaires ceux effectués en Angleterre et une opération à envisager. L’épilepsie de Lucy rend tout certes plus difficile mais pas désespéré.
Le bonheur et les couleurs de la vie reviennent aux joues de sa femme quand il lui annonce la nouvelle, un homme pareil, ça mérite qu’on vive pour en profiter jusqu’à la lie et mourir main dans la main dans son lit non ?! Elle devra s’absenter 6 mois au minimum… C’est long et Phoebe ne prend pas les choses bien à l’étonnement général. Elle devra rester là et dire au revoir à sa mère _avec un arrière-goût d’adieu peut-être_ dans un terminal d’aéroport ? Lucy souffre et c’est avec cette douleur qu’elle s’assiéra dans son siège d’avion qui la mène de Londres à New-York d’abord et là elle changera pour une correspondance vers Sydney. Aaron viendra la rejoindre dans quelques jours, il est retardé par l’enterrement d’un collègue de travail _tu parles d’un présage !
C’est donc seule que Lucy embarque vers New-York d’abord puis là, change pour Sydney.
A peine installée à sa place en classe affaire (des golden boys ça fait moins de bruit en théorie ! :P) et la ceinture bouclée autour de la taille que naturellement son regard parcourt ceux qui l’entourent : tiens lui là c’était pas un joueur de basket ? Deux copines cherchent leur place. Une ado les oreillettes enfoncées dans les oreilles avec de la musique à s’en déchirer le tympan. Des jumeaux qui se chamaillent et leur sœur, visiblement, qui essaye de les calmer. Un jeune papa et ses deux blondinettes de petites filles.
Lucy soupire. Elle se sent plus seule que jamais et ne cesse de ressasser sans cesse les mêmes questions dans sa tête. Malgré tout, quand l’avion décolle et quitte la piste vers les cieux, sa gaieté naturelle semble refaire surface et pleine d’espoir, elle sourit vers l’avenir.